L’homéopathie fut découverte au 18e siècle en Allemagne grâce aux recherches du médecin et chimiste Samuel Hahnemann (1755-1843). C’est en 1790 que celui-ci entreprit ses premières recherches qui le menèrent vers l’homéopathie que l’on connaît aujourd’hui.
Aujourd’hui, cette brillante médecine reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé et la Commission Européenne est pratiquée avec succès dans les cliniques et hôpitaux de plus de 80 pays. Elle représente également un des sujets d’études supérieures de médecine les plus populaires en Grande-Bretagne…
Bien que la pratique homéopathique semble nouvelle en Amérique du Nord, le premier organisme médical aux États-Unis fut le American Institute of Homeopathy, fondé en 1844, deux ans avant le American Medical Association. Quelques élèves de Hahnemann fondèrent la première école d’homéopathie aux États-Unis à la fin des années 1800. Leur pratique était très répandue et reconnue pour son efficacité face aux épidémies tels que la fièvre jaune, le choléra, la typhoïde et plus tard celle de la grippe espagnole en 1919. Mais l’homéopathie avait déjà gagné ses lettres de noblesse en Europe par son efficacité impressionante dans les épidémies tel que le choléra en France au début du 19e siècle. (Voir la section des articles publiés: Magazine Bébé L’homéo, championne des épidémies.)
En 1890, Mark Twain fut ainsi cité dans un journal: «Vous pouvez certainement vous estimer heureux que l’homéopathie ait survécu aux tentatives des allopathes de la détruire. » Cette tendance semble encore se maintenir dans le monde d’aujourd’hui chez certains allopathes et ‘scientifiques’ qui ne peuvent percer le mystère de l’efficacité de l’homéopathie. (voir section placebo)
Au début des années 1900, l’homéopathie était très répandue au Canada et aux États-Unis. À Montréal seulement on retrouvait des dizaines de dispensaires homéopathiques et l’Hôpital Homéopathique de Montréal de la rue Marlowe. Aux États-Unis, on comptait 22 écoles médicales d’homéopathie, 100 hôpitaux homéopathiques et plus de 1000 pharmacies homéopathiques. Parmi les universités qui enseignaient l’homéopathie figuraient celle de Boston, de Stanford et le New-York Medical College. Toutefois, les Universités européennes ont assuré l’enseignement et la tradition homéopathique. Ce qui explique pourquoi elle y est encore si répandue aujourd’hui.
L’homéopathie tomba dans l’oubli au Québec, entre autres parce que les homéopathes n’ont pas assuré la formation des générations d’homéopathes futures, entre autre à cause des interventions du American Medical Association et aussi par l’avènement de nouveaux médicaments et antibiotiques chimiques qui impressionnaient par leur facilité et rapidité à prescrire et à vite supprimer les symptômes.
L’homéopathie renaît. On se rend compte aujourd’hui des limites de ces antibiotiques et médicaments chimiques à traiter en profondeur. L’homéopathie redevient une méthode populaire et fiable pour les traitements de maladies aiguës et chroniques que l’on veut traiter en profondeur en tenant compte de la globalité physique, physiologique et émotionnelle de la personne.
Histoire de l’homéopathie au Québec
Extraits de Évolution historique de la pensée homéopathique
Conférence donnée à Montréal à l’École d’enseignement supérieure en homéopathie du Québec, le 5 novembre 1995 par Denis Fournier.
C’est vers 1840 qu’arrive l’homéopathie au Canada. Elle prend forme dans une société médicale homéopathique vers 1843, en Ontario. En 1852, est donné un statut légal à la » Homeopathic Medical Society of London « .
Il faudra attendre les annés 1860, au Québec, pour voir un embryon de structure institutionnalisée Les carrières respectives de Rosenstein, Fisher et Wanless représentent trois façons différentes d’être homéopathes au Québec au milieu du XlX° siècle. Mais elles illustrent les difficultés auxquelles ont à faire face les homéopathes pour faire reconnaître leur pratique avant l’établissement d’institutions.
John George Rosenstein (?-?),immigré allemand, s’était fait d’abord connaître comme homéopathe en donnant des conférences publiques, sitôt arrivé à Montréal. A l’été 1844, il obtint de la part des gouverneurs du « Montreal General Hospital » la permission de tester la thérapie homéopathique sur des patients hospitalisés dans le service de Archibald Hall. Quelques jours après le début des traitements, l’état des patients n’évoluant pas à la satisfaction de Hall, celui-ci les reprit en main, sonnant le glas des expérimentations homéopathiques au MGH. Ce qui, d’ailleurs, rencontrait les souhaits de l’éditeur du « Montreal Medical Gazette » qui ne cachait pas son mécontentement à propos des essais, allant jusqu’à blâmer les gouverneurs de l’hôpital d’ouvrir ainsi leurs portes au « premier charlatan venu ».
Exclu du « Montreal General Hospital », conspué par la presse médicale, Rosenstein publia quand même deux ouvrages. Le premier reproduit, en 1845, un exposé de la doctrine de Hahnemann par un homéopathe anglais, John Epps. S’y trouvait également le résumé d’un article d’un journal autrichien livrant les observations de dilutions homéopathiques à l’aide d’un microscope. Le second ouvrage de Rosenstein, en 1846, recompilait des textes britanniques, autrichiens, allemands et américains sur l’homéopathie. La carrière montréalaise de Rosenstein s’arrêta là; il quitta Montréal pour l’Angleterre.
Pendant que Rosenstein faisait la promotion de la « nouvelle école », un autre homéopathe, Arthur Fisher (1816-1913) choisissait de garder le silence sur son allégeance, de peur d’être accusé de charlatanisme lui aussi. Diplômé d’Edimbourg (Ecosse), Fisher se rendit à Vienne à la fin des années 1830 pour approfondir l’anatomie et l’ophtalmologie. Là-bas, devant les succès thérapeutiques de l’homéopathie (rappellons que c’est la période post- choléra), il est convaincu de s’y initier. Il obtint, en 1842, son permis de pratique du Collège des Médecins et Chirurgiens de la Province de Québec (CMCPQ) et commença à soigner selon le système hahnemannien. Son mutisme stratégique lui permit de mener une carrière assez honorable dans les institutions médicales montréalaises. Il prononça des conférences et obtint un poste de professeur d’anatomie à McGill. Dans ses souvenirs (tirés d’une série d’articles de Fisher dans le « Montreal Homeopathic Record« , en 1896, il mentionnait le cas de deux médecins adeptes de l’homéopathie, Morrin et Fargues, qui avaient, eux aussi, choisi la voix du silence à celle de se réclamer ouvertement de l’homéopathie.
On connaît Fargues pour avoir, par testament en 1842, légué une somme de 6000 livres anglaises destinées à « McGill University » pour qu’on y établisse une chaire d’homéopathie portant son nom. Ce qui ne fut jamais fait ! Quant à Joseph Morrin, chirurgien à l’Hôtel- Dieu de Québec, il recommanda aux soeurs Augustines, en quittant son poste, la candidature de Charles Frémont qui, disait-il, pratiquait l’homéopathie.
Le nom de Joseph Morrin peut aussi être associé à celui de Pierre-Martial Bardy (1797-1869). Bardy obtint son droit de pratique, après « apprentissage », en 1829. Pendant l’épidémie de choléra de 1832-1834, il pratiquait, à St-Athanase dans le comté de Rouville, selon les méthodes usuelles de la « vieille école ». En. 1842, il fonda la « Société St-Jean- Baptiste de Québec ». Il enseigna, de 1848 à 1854, la botanique à l’École de médecine incorporée de Joseph Morrin. Il devint un adepte de l’homéopathie lors d’un voyage aux États-Unis en 1847. La crainte d’une nouvelle épidémie de choléra en 1854 lui donna l’occasion de vanter les mérites de la « nouvelle médecine ». Il proposait en plus des « globules » homéopathiques de suspendre, en prévention, un sou de cuivre au plexus solaire, pour contrer le virus cholérique. Ce qui déchaîna une polémique dont furent témoins les journaux et que ne voulut pas départager l’Université LavaI, dont le département de médecine avait à peine un an. Bardy fut nommé en 1852, inspecteur des écoles des comtés de Québec, Montmorency et Portneuf. Il connut des difficultés financières liées à la « Société St-Jean-Baptiste de Québec » et mourut à 72 ans, volontairement oublié de la Société de médecine de Québec qui le considérait comme un « hérétique ». Il fut enterré dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Québec.
John Wanless (1813-1901), vingt ans après la mort de Fargues, en 1864 demanda, lui aussi, publiquement une chaire d’homéopathie à McGill. Archibald Hall, alors professeur à McGill repoussa sa demande en invoquant les expériences inefficaces de Rosenstein faites vingt ans plus tôt. Émigré écossais, il donnait depuis un an son concours au dispensaire monté par une association d’homéopathes de Montréal et l’année suivante, il faisait partie du groupe qui allait demandé une charte d’incorporation pour la « Montreal Homeopathic Association ».